mercredi 26 février 2014

Rencontre avec les Alphas: Force Athlétique



Vous aviez auparavant rencontré plusieurs adeptes du Culturisme naturel. A présent abordons la la Force Athlétique. Au delà de l'aspect de compétition pure, et de l'éthique sportive qui l'accompagne, il s'agit avant tout du dépassement de soi et de l'aspect de camaraderie. Ce pourquoi nous allons vous apporter le témoignage de Jonathan Peyronnin, 3e aux Championnats de France de Force Athlétique Jeunes en -83kgs.


Alpha M3n: Bonjour. J'imagine que tout a un début. Alors peux tu nous en dire un peu plus sur tes motivations initiales concernant la musculation?

Jonathan Peyronnin: A l'époque j'étais engagé chez les Jeunes Sapeurs Pompiers depuis mes 13 ans. Mon rêve d'adolescent était de rentrer en tant que Sapeur Pompier volontaire à la fin de mes 3 années de formation.

Déjà à cette époque on pratiquait énormément de préparation physique en dehors des cours théoriques et des manoeuvres avec le matériel car c'était tout simplement une question de vie ou de mort. Dans un feu, soit tu es prêt, soit tu te met toi et tes coéquipiers en danger. Disons qu'on était déjà bien formés, et les entrainements étaient rudes et physiques, principalement de la course à pied et de la musculation sous une forme assez proche de la gymnastique, au poids de corps.

Puis à l'âge de 16 ans, mon demi-frère s'est mis à la musculation, et j'ai vite suivi. Je me souviens qu'à l'époque on s'entrainait dans mon vieux garage, on avait investi toutes nos économies dans un banc, une barre et des disques de fonte. Pendant plus d'un an et demi on se retrouvait là quasiment tous les soirs et on se livrait à une sorte de compétition. 

Finalement, j'ai dû en partie déménager pour étudier dans le domaine des sciences du sport, et c'est là que je me suis inscrit à l' US Créteil, mon club actuel. J'ai continué à m'entrainer seul, car mon objectif du moment était plutôt orienté vers l'hypertrophie musculaire, disons dans une optique "culturiste".

Puis, cette année, en septembre 2013, à 20 ans, je me suis décidé à faire une saison en Force Athlétique pour voir mon potentiel en tant qu'athlète, mais aussi surtout en tant que mon propre entraineur. C'était un bon moyen de fixer mes objectifs dans le temps et de me confronter aux autres, pour voir jusqu'où je pourrais m'emmener, et valider ma propre expérience en quelque sorte.



A.M: Un parcours plutôt atypique. Ca n'est pas difficile de s'entrainer seul?

J.P: Eh bien, c'est justement là tout mon challenge. C'est exactement ce que je voulais.

J'ai toujours su me créer mes programmes d'entrainement et nutritionnels, mais c'est vraiment là que c'est devenu intéressant. Enfin, je pouvais voir si mes stratégies alimentaires et d'exercices allaient payer. Si je valais quelque chose !

Ces deux styles d'entrainement sont assez différents l'un de l'autre, j'ai dû aller lire des livres dans d'autres langues, diversifier mes sources, discuter avec des athlètes, et je dois dire que ça ne m'a apporté que du positif de sortir de ma zone de confort. Il faut savoir remettre ses connaissances en question si l'on veut avancer, et ça m'a permit d'en apprendre davantage.

J'ai la chance d'être dans un bon club avec beaucoup d'espace pour pratiquer et de barres libres, mais le réel souci cette année était au niveau des pareurs. Car effectivement, ça n'est pas aussi évident de demander à 3 personnes de t'assister sur un squat à plus de 200kgs dans une salle de musculation que dans un club de Force Athlétique, où les gens ont vraiment l'habitude et le font tous les jours. 

La seconde difficulté fut de m'adapter aux maillots et à certains points techniques. Mais j'ai rencontré de nombreuses personnes qui m'ont vraiment apporté de précieux conseils sur ce point !


A.M: Et ça a bien marché puisque tu as réussi à te qualifier aux Championnats de France. Comment est-ce que ça s'est passé?

J.P: Je pense que les efforts ont finit par payer effectivement. J'étais de loin le plus léger de ma catégorie avec 75kgs de poids de corps juste après avoir mangé, en catégorie -83kgs, du coup j'avais une certaine appréhension. 

Disons que c'était un peu le meilleur et le pire jour de l'année.

J'ai eu une intoxication alimentaire la veille en sortant manger dans un restaurant à proximité de notre hôtel. Cela m'a valu des nausées abominables couplés à des maux de tête du matin du championnat jusqu'à plusieurs jours après. En addition au stress de la compétition c'était tout simplement atroce.

Mais d'un autre côté j'étais quand même en bonne condition physique, du coup ça m'a permit de jouer le match au mental. Je m'étais préparé toute l'année pour ce jour, je n'avais pas le droit à l'erreur. 

Ca m'a quand même joué des tours, je n'ai pas vraiment pu faire ce que j'avais prévu, mais je suis tout de même content de ce que j'ai fait. 

C'était une belle compétition, tout le monde a tout donné jusqu'au bout, il y avait du gros niveau, tout s'est joué jusqu'à la dernière barre du soulevé de terre où tout aurait pu basculer. Un vrai esprit sportif de la part des autres compétiteurs et des coachs, ça faisait vraiment plaisir. 

Et en même temps une camaraderie. C'est un entraineur d'un autre club qui m'a suivi durant toute la compétition, qui m'a mis les bandes, et supporté. Les athlètes s'entraident et rigolent ensemble dans le peu de moments de répit, malgré que chacun vise le podium. C'est pour ça que j'aime ce sport !



A.M: Parlons un peu de ta préparation de cette année. Et quels sont tes records personnels, à titre d'exemple?

J.P: J'avais déjà une bonne base musculaire de par mon entrainement exclusivement en hypertrophie de ces 4 dernières années. Cette fois-ci, j'ai vraiment misé sur un entrainement court, très peu de séries, voire une série unique sur les mouvements principaux, avec des charges maximales, en mettant vraiment un accent sur ma technique.

Je ne m'entrainais que 3 fois par semaine, un entrainement pour le squat et soulevé de terre, un pour le développé couché, et un pour les dorsaux et les exercices de prévention/mobilité etc... Car comme on le dit: qui veut voyager loin ménage sa monture. Et le moindre déséquilibre musculaire ne pardonne pas.

Quand à mes records personnels à l'entrainement, pour un poids de corps de 75kgs: un box squat à 240kgs sur une box quelques centimètres au dessus de la parallèle, un soulevé de terre à 250kgs avec les bandes pour la poigne, un développé couché à 150kgs, et mon exercice favori depuis mon époque chez les pompiers: une dizaine de tractions lestées à 40kgs.

A.M: Et en conclusion, que dirais-tu aux lecteurs à propos de cette discipline?

J.P: Tout simplement, n'ayez pas peur d'aller voir dans les clubs autour de chez vous. Bien souvent, ce sont des associations sportives et non pas des clubs privés, donc l'ambiance que vous avez connue en salles "traditionnelles" et les tarifs n'ont absolument rien à voir.

Les salles sont généralement largement moins peuplées, les gens qui pratiquent ce sport sont vraiment des passionnés qui savent ce qu'ils disent, et qui forment comme une petite famille sportive. Tout le monde se connait, s'entraide et se charrie. C'est ça la Force Athlétique. Tout comme l'haltérophilie d'ailleurs.

Vous êtes une équipe, et peu importe votre niveau, vous serez traités comme tel. Tout le monde veut progresser, tout le monde ne soulève pas un boeuf au saut du lit comme le suggère le nom intimidant de la discipline. N'ayez pas peur de vous inscrire, ou même d'aller y faire un saut.

Même si vous ne faites pas de compétition, rien ne vous empêche de vous entrainer pour le plaisir, pour la santé, et pourquoi pas d'en faire une ou deux pour essayer. Vous ne serez pas déçus !

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